Étiologie des espaces dentaires
- La cause des espaces interdentaires peut être multiple. Certains espaces sont « naturels » et vont être présents normalement dans une dentition tandis que d’autres peuvent apparaître ou sont le résultat de changements dans la dentition ou d’interventions comme une extraction.
- Il y a aussi des espaces qui sont temporaires; ils apparaîtront pendant le développement de la dentition pour éventuellement disparaître.
- Les espaces apparaissant entre les dents antérieures peuvent avoir plusieurs causes comme :
- Un déséquilibre entre la largeur des dents (certaines dents sont trop étroites, ce qui cause des espaces);
- Une position anormale de la langue contre les dents, ce qui créé une pression ± constante contre ces dents et peut les déplacer et créer des espaces entre elles;
- La présence d’un frein labial (attache de la lèvre) qui empêche la fermeture naturelle ou spontanée d’un espace;
- Une malocclusion causant des malpositions dentaires de sorte que l’éruption des dents n’est pas normale et n’a pas permis la fermeture d’un espace qui alors persiste.
- La perte de tissus de support des dents (os et gencive – le parodonte) permettant aux forces appliquées sur les dents de les déplacer et créer ou augmenter progressivement des espaces.
- Un vestige de notre évolution appelé l’espace primate qui peut être présent chez certaines personnes non traitées (voir ci-dessous).
Espace central; le diastème
- Un espace entre les centrales supérieures est normal pendant la transition de la dentition temporaire à la dentition permanente ou définitive. Dans des conditions optimales, cet espace peut se refermer par lui-même lors de l’éruption des canines vers l’âge de 11 à 13 ans.
- Cet espace inquiète souvent les gens car ils le trouvent disgracieux et inesthétique.
- La fermeture d’un espace entre les dents antérieures peut parfois faire l’objet ce corrections limitées ne visant qu’à fermer cet espace. Cependant, la présence d’espaces est souvent associée à d’autres problèmes d »occlusion qui eux, nécessiteront des corrections plus importantes ou globales alors il n’est pas toujours possible de s’en tenir qu’à la fermeture de l’espace.
- Avant d’envisager la fermeture d’un diastème, il est nécessaire d’en déterminer la cause car cela influencera l’approche orthodontique pour fermer l’espace et la rétention utilisée pour maintenir cet espace fermé. Comme pour les autres espaces interdentaires, un diastème central peut être causé par des dents étroites (centrales et/ou latérales), la présence d’un frein labial important, l’action de la langue, la présence d’une dent surnuméraire non sortie (mésiodens), etc.
- Esthétique seulement : À noter que la présence d’un diastème central et d’espaces interdentaires antérieurs est rarement problématique et ne constitue pas un problème au point de vue fonctionnel. La principale motivation des patients pour faire fermer de tels espaces est esthétique, ce qui est aussi une bonne raison pour le faire, mais ce choix est très personnel. Certaines personnes préfèrent garder un diastème central, probablement parce qu’elles trouvent cela attrayant ou esthétique (regardez des photos de Madonna ou Vanessa Paradis pour réaliser que cela ne les affecte pas vraiment!).
La mésiodens; un cas particulier
- Une mésiodens est une dent supplémentaire ou surnuméraire localisée entre les deux incisives centrales maxillaires. La présence d’une telle dent paut causer certains problèmes comme :
- créer un espace ou diastème entre les centrales,
- entraîner une éruption tardive des incisives permanentes ou empêcher leur éruption (dans 26 à 52% des cas),1
- entraîner une éruption ectopique (en position anormale), un déplacement ou une rotation des incisives permanentes (dans 28 à 63% des cas),1
- peut altérer l’occlusion et l’apparence (esthétique),
- une perte d’espace et une déviation des lignes médianes,
- la dilacération (déformation) ou la résorption et perte de vitalité des racines des dents adjacentes en développement,
- une éruption ectopique, par exemple dans le palais,
- l’apparition de kystes dentigères (dans 4-9% des cas). 1
- Un diagnostic précoce est important pour permettre au clinicien d’administrer un traitement à la fois optimal et minimal et minimiser les impacts de la présence d’une telle dent. La prise de radiographies et idéalement d’une tomodensitométrie volumique à faisceau conique (TVFC) permet d’identifier et localiser en 3D la présence d’une mésiodens.
Traitement
Seulement 25 % des mésiodens feront éruption spontanément dans la cavité buccale. Le traitement d’une mésiodens dépendra de plusieurs facteur et peut comprendre les options suivantes :
- Extraction : dans 75% des cas l’incisive fera éruption spontanément une fois une mésiodens extraite. L’extraction au moment opportun augmentera les chances que se produise une éruption normales des incisives.
- L’extraction d’une mésiodens pendant le stage de dentition primaire est peu recommandé car les dents primaires surnuméraires font souvent éruption dans la bouche et l’extraction chirurgicale de dents incluses peut augmenter le risque de déplacement ou de dommages aux incisives permanentes. 2, 3
- L’extraction en début de dentition mixte favorisera cependant une éruption normale des incisives centrales avec les forces éruptives normales. Le moment recommandé pour extraire une mésiodens est ver l’âge de ± 10 ans, période à laquelle l’apex de l’incisive centrale non éruptée est presque mature ou fermé. 4
- Plus l’extraction sera reportée, plus grands seront les risques que cela affecte l’éruption des dents permanentes.
- Observation : si le dentiste ou chirurgien maxillo-facial considère qu’il est trop risqué d’extraire la mésiodens à cause de sa malposition extrême car l’intervention chirurgicale risquerait d’endommager les autres dents ou de les dévitaliser, l’extraction peut être reportée. Si la mésiodens est vraiment mal positionnée et n’affecte pas les racines des autres incisives, dans de rares cas, elle pourrait demeurer en place. Un suivi radiologique serait alors indiqué pour déceler l’apparition de tout problème.
- Traitement orthodontique : une fois la mésiodens extraite, si les incisives ne font pas éruption spontanément ou qu’il n’y a pas de signe d’éruption dans les 6-12 mois suivant l’extraction, il peut être nécessaire de créer de l’espace dans l’arcade pour accommoder les incisives (s’il y a eu perte d’espace) ou de faire une exposition chirurgicale des incisives non éruptées afin de leur appliquer une traction orthodontique pour les descendre et les loger dans l’arcade dentaire.
Dans certains cas, la langue peut contribuer à maintenir des espaces interdentaires antérieurs en empêchant l’éruption normale des dents. Une pression excessive ou une position anormale de la langue entre les dents ou contre les dents antérieures peut contribuer à l’apparition ou le maintien d’espaces. Pour voir d’autres exemples d’espaces associés à la position de la langue.
➡ our en savoir plus sur le parodonte et la parodontie et sur l’action de la langue, un muscle très puissant.
Exemples de fermeture d’espaces antérieurs
Fermeture de 5 mm en 5 mois
➡ Pour en savoir plus sur ce cas et voir d’autres exemples de fermetures d’espaces et diastèmes.
➡ Pour en savoir plus sur l’alignement des lignes médianes dentaires.
➡ Pour voir d’autres exemples de fermeture de diastèmes et des cas particuliers.
➡ Pour voir des exemples de dents étroites qui ont été élargies après un traitement d’orthodontie.
Espaces antérieurs
- Un déséquilibre entre la largeur des incisives peut expliquer la présence d’espace de part et d’autre des latérales supérieures.
- Selon la largeur de ces espaces, il peut être possible de les fermer en rapprochant les dents mais, si les latérales sont vraiment étroites, il est préférable de garder un des espaces qui pourront être comblés par le dentiste généraliste après les corrections orthodontiques. Pour voir des exemples.
- Tenter de fermer tous les espaces en présence de dents trop étroites peut être inesthétique et affectera la bonne relation des dents postérieures (occlusion), ce qui peut avoir une conséquence sur la fonction.
- La musculature (langue, lèvres) peut contribuer à la présence d’espace entre les dents antérieures surtout. Voir plus loin pour plus de détails.
- Anodontie (aussi appelée hypodontie); absence congénitale d’une pou plusieurs dents. À l’exception de dents de sagesse les latérales supérieures sont parmi les dents manquantes de façon congénitale (héréditaire) les plus communes, même si cela ne représente que 2% de la population. Leur absence crée de l’espace dans la partie antérieure de l’arcade dentaire en permettant aux centrales de se déplacer vers les côtés tandis et aux canines migrent vers l’avant. L’orthodontie visera soit à fermer tous les espaces présents ou à ouvrir un espace suffisamment grand pour permettre de remplacer prothétiquement (pont ou implant dentaire) les latérales manquantes. Pour voir des cas traités.
Espaces postérieurs
- Les espaces entre les dents postérieurs sont, la plupart du temps, le résultat soit d’une extraction dentaire ou de la perte d’une dent temporaire qui n’avait pas de remplaçant permanent (anodontie, absence congénitale).
- La perte d’une dent créé un espace important et les dents adjacentes peuvent migrer vers cet espace créant d’autres espaces ailleurs dans l’arcade dentaire, des interférences fonctionnelles, des contacts inadéquats entre les dents opposées, des endroits où peut se loger la nourriture, etc. Donc la perte d’une dent n’est pas banale.
- Une nouvelle technologie permettant d’utiliser des mini-vis d’ancrage facilite la fermeture d’espaces importants.
- Autres exemples à venir…
Combien de temps prendra la fermeture d’un espace?
Vitesse de déplacement des dents
La « vitesse » à laquelle fermeront les espaces dentaires dépend de plusieurs facteurs. Il est difficile de généraliser pour tous les types de cas présentant des espaces importants mais certains principes de base peuvent permettre d’avoir un « point de repère » pour savoir si la fermeture de l’espace se produit normalement ou pas.
Voici quelques facteurs pouvant influencer la facilité ou difficulté à fermer des espaces dentaires en orthodontie :
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- La mécanique orthodontique utilisée; pour un mouvement dentaire optimal, il faut une mécanique appropriée comprenant les bons fils (arcs) (forme, grosseur, alliage, pas d’ interférences mécanique, etc.), les bonne forces (ni trop fortes ou trop faibles). ➡ Pour en savoir plus sur les fils orthodontiques.
- La coopération du patient; certains mécanismes de fermeture des espaces requièrent le port d’élastiques. Pas d’élastiques = pas de mouvement de dents = pas de fermeture d’espace.
- ➡ Pour en savoir plus sur les élastiques orthodontiques.
- La présence d’interférences; pour que les dents se déplacent librement sur les fils (arcs) il doit y avoir le moins de friction ou d’interférences possibles. Des plis ou déformation dans les fils peuvent ralentir ou empêcher le déplacement d’une dent. Des déformations peuvent se produire si le patient mord des aliments dur sur le fil.
- L’occlusion (relation entre les dents lorsqu’elles ferment ensemble) peut aussi créer des interférences qui bloquent ou nuisent aux dents à déplacer.
- Des situations particulières; la prise de certains médicaments comme les biposphonates, utilisés pour traiter des personnes affectées par l’ostéoporose, perturbe le métabolisme de résorption osseuse qui est essentiel pour le déplacement des dents. Ces médicaments inhibent l’action des cellules qui résorbent l’os alvéolaire dans la direction où se déplace la dent et peuvent empêcher tout mouvement dentaire peu importe la durée de l’application de la force.
- ➡ Pour en savoir plus sur le déplacement des dents.
Pourquoi mon espace ne se ferme pas
- Nous avons régulièrement des questions de lecteurs dans le blogue au bas des pages de ce site qui s’inquiètent que l’espace ou les espaces dans leur bouche semblent ne pas se fermer rapidement ou ne diminuent pas de largeur après plusieurs mois de traitement. Un autre point à considérer en plus de ceux énumérés précédemment est le moment idéal pour fermer un espace.
- Bien qu’il soit normal que les patients désirent qu’un espace situé dans une région esthétique comme un diastème entre des incisives supérieures se ferme le plus rapidement possible, il est parfois nécessaire de faire d’autres corrections préliminaires avant de s’ « attaquer » directement à la fermeture de l’espace. Par exemple, pour rapprocher les dents de chaque côté d’un diastème supérieur, il peut être nécessaire de les dégager verticalement des dents opposées (ouvrir l’occlusion) pour éliminer des interférences qui empêcheraient de rapprocher les incisives. Pour les espaces postérieurs, il est fréquent de devoir faire certaines corrections comme corriger les rotations, redresser des dents basculées, harmoniser la largeur des arcades et attendre d’avoir des fils (arcs) rigides pour débuter la fermeture des espaces.
- Cependant, après ces corrections préliminaires, s’il est déterminé que la mécanique en place est activée spécifiquement pour fermer un espace et qu’aucun changement ou fermeture significative d’un espace n’est visible après quelques moins alors dans ce cas il y a un problème… et la cause es habituellement un des points discutés précédemment.
- Autre point digne de mention mais qui n’est pas une grande « révélation »; si la fermeture d’un espace dépend du port d’un élastique ou d’un appareil et que le patient doit gérer lui-même mais qu’il y a manque de coopération de sa part, alors, il ne faut pas s’attendre à un miracle!
Rythme de fermeture « moyen »
- La fermeture des espaces peut se produire normalement à un rythme pouvant varier de 0.8 à 1.0 mm par mois et cela débute dès l’application de la force qui doit être légère et constante (pas intermittente). Ceci ne sont que des moyennes et la vitesse de fermeture peut varier grandement d’un cas à l’autre.
- Par exemple; un espace de 9-10 mm, qui représente la largeur d’une molaire permanente, prendra donc en moyenne 9-12 mois à fermer. L’espace d’une prémolaire de 7-8 mm devrait prendre 7 à 10 mois.
- Si ce rythme est plus lent, il peut y avoir différentes causes tel que décrit précédemment mais la plupart du temps ce sont soit des obstructions, une mécanique inadéquate ou un manque de coopération avec le port des élastiques qui ralentissent la fermeture normale.
➡ Pour en savoir plus sur la théorie et les principes de fermeture d’espaces et diastèmes en orthodontie.
Espaces et musculature
- La positon de la langue qui s’appuie contre les dents antérieures exerce une force légère mais constante qui peut contribuer à l’espacement des dents en les « poussant » vers l’avant.
(A, B, F) Espaces interdentaires importants entre les dents antérieures inférieures.
(C, D, H) Après l’orthodontie, les espaces sont fermés et les dents rapprochées. Un fil de rétention est essentiel pour prévenir une ré-ouverture des espaces. À noter qu’il reste de légers espaces à droite (visibles en C et G). Cette patiente de 46 ans avait un pont papillon (indiqué par un astérisque *) qui empêchait tout mouvement des dents postérieures droit et a empêché la fermeture de ces légers espaces pour prévenir que le pont doive être refait si on désirait bouger ces dents.
Espaces en dentition temporaire
- Pendant un stage du développement dentaire, il est normal de voir des espaces apparaître entre les dents temporaires antérieures. Ces espaces permettent aux dents primaires de préparer la venue des dents permanentes qui sont plus larges.
- Une dentition temporaire sans espaces interdentaires antérieurs vers l’âge de 5-6 ans peut paraître plus esthétique pour certains, mais cela est un signe définitif qu’il manquera d’espace lors de l’éruption des dents permanentes
Espace primate; la preuve que nous descendons du singe!
- À l’occasion, après des corrections orthodontiques et malgré un bon alignement des dents, il est possible qu’il reste de légers espaces similaires aux espaces primates. Ces espaces ne causent pas de problèmes fonctionnels mais peuvent être considérés inesthétiques pour certaines personnes, surtout à l’arcade du haut. Il est alors possible de faire modifier la forme des dents près des espaces pour « fermer » ces espaces. Pour voir des exemples.
Exemples d’espaces primates dans la dentition humaine moderne
Fermeture d’espaces et de diastèmes
- Voici quelques exemples de fermeture d’espace entre les centrales.
➡ Pour voir d’autres exemples de fermeture de diastèmes et des cas particuliers.
Fermeture d’espaces par matériau composite ou moyen prothétique
Réf. : Diagramme espace primate adapté de : http://monde.ccdmd.qc.ca/
1-Russel et Folwarczna, La mésiodens – Diagnostic et traitement d’une dent surnuméraire courante, J Can Dent Assoc 2003; 69(6):362–6
2-Humerfelt D, Hurlen B, Humerfelt S. Hyperdontia in children below four years of age: a radiographic study. ASDC J Dent Child 1985; 52(2):121–4.
3- Solares R. The complications of late diagnosis of anterior supernumerary teeth: case report. ASDC J Dent Child 1990; 57(3):209–11.
4- Henry RJ, Post AC. A labially positioned mesiodens: case report. Pediatr Dent 1989; 11(1):59–63
➡ Dernière mise-à-jour : ?date:yyyy-MM-dd? à ?time: »HH:mm:ss »? © Jules E. Lemay, www.ortholemay.com – Tous droits réservés / All rights reserved |