Sensibilité et inconfort normaux
Une certaine sensibilité est normale après la pose ou l’ajustement d’appareils orthodontiques.
- Durant les premiers jours, vos dents peuvent être sensibles, spécialement si vous exercez une pression sur celles-ci ou si vous mordez dans de la nourriture dure. Cette sensation est normale et inévitable pendant la période de déplacement initiale des dents. Par la suite, une fois le traitement bien débuté, cette sensation peut réapparaitre lors des ajustements de fils et d’appareils mais ne durera pas continuellement entre les rendez-vous chez l’orthodontiste et tend à se dissiper plus rapidement qu’après la pose initiale des appareils.
- Si l’inconfort est trop important, nous recommandons l’utilisation d’un analgésique léger sans prescription auquel vous êtes habitué(e) comme Advil, Tylenol ou ce que vous prenez habituellement pour un mal de tête.
- Vous pouvez aussi vous rincer la bouche avec de l’eau tiède salée (une cuillerée à thé de sel dans un verre d’eau) pour atténuer la sensibilité jusqu’à ce que vous soyez habitué(e) à vos appareils.
- Les appareils peuvent parfois irriter les lèvres, les joues et la langue, surtout en début de traitement.
- Nous vous fournirons de la cire que vous pouvez appliquer sur les parties des appareils qui causent des problèmes et qui sont en contact avec les tissus irrités.
- Normalement, la sensibilité diminue après quelques jours. En cas de doute, communiquez avec votre orthodontiste.
- À noter que le seuil de tolérance à la douleur est très variable d’une personne à l’autre. Ainsi, certains rares patients trouveront intolérable l’inconfort et la douleur dentaire suite à des ajustements orthodontiques tandis que d’autres supporteront le tout très bien et sans inconvénients majeurs. Si l’inconfort est trop important, les patients peuvent avoir de la difficulté à manger mais cette situation devrait retourner à la normale progressivement en quelques jours.
- La durée de l’inconfort peut aussi varier grandement d’un cas à l’autre et il n’y a pas de « règles » régissant cela. Certains mentionnent qu’ils n’ont aucun inconfort (ce qui est peu probable) et d’autres rapportent que cela dure quelques jours à plus d’une ou plusieurs semaines (ce qui est rare). Si cela persistait trop longtemps ou que la douleur ne diminuait pas, communiquez avec votre orthodontiste.
- Le type de cas et mécanique orthodontique utilisée (appareils, élastiques, ressorts, etc.) ont aussi une influence sur ce que ressentiront les dents après des ajustements.
- Douleur insupportable, est-ce normal? NON, si une douleur est vraiment intolérable ou insupportable et persiste ou ne diminue pas en quelques jours, cela n’est pas normal alors n’hésitez pas à communiquer avec votre orthodontiste pour en discuter et au besoin faire évaluer le tout.
Progression de la sensibilité pendant le traitement d’orthodontie
- En début de traitement, la sensibilité est fréquente. Cette sensibilité peut être généralisée (affectant plusieurs dents) et, selon les individus et la mécanique utilisée, cela peut durer de quelques jours à plus d’une semaine.
- Par la suite, la sensibilité peut affecter des dents isolées qui nécessitent des mouvements particuliers ou qui n’ont pu être incluses dans les mouvements initiaux. Cela peut être le cas par exemple d’une dent basculée sévèrement du côté de la langue et qui ne peut même pas être attachée sur le fil (arc) avant plusieurs mois. Lorsque cette dent sera engagée sur le fil, elle deviendra sensible alors que les autres dents ne le sont plus.
- Lorsque des changements de fils sont faits, il est normal qu’un inconfort apparaisse à nouveau un certain temps, de façon similaire au début de traitement mais cela durera habituellement un peu moins longtemps.
- Douleur = Efficacité? Non, pas nécessairement. S’il n’y a plus de douleur après un certain temps, cela ne veut pas dire que la mécanique en place les appareils ne sont plus efficaces et que les dents ne bougent plus. Cela signifie que les dents sont alors habituées à la pression qui agit sur elles et que le processus de remodelage osseux est en marche. Plus la pression est constante et uniforme, plus efficace seront les forces appliquées sur les dents et leur effet sur le déplacement des dents. C’est pourquoi le fait de ne pas porter les élastiques continuellement nuit en fait au mouvement des dents.
- (:arrow: Pour en savoir plus sur le déplacement des dents en orthodontie et sur les élastiques en orthodontie.)
- ➡ Les “broches” : ça doit faire mal pour fonctionner! Ceci est un mythe, pour en savoir plus.
- À mesure que les dents se replacent, il arrive parfois que des dents opposées viennent en contact alors qu’elles ne se touchaient pas auparavant. Ceci cause un contact fort entre les dents qui peut les rendre sensibles et mobiles. C’est ce qu’on appelle un traumatisme occlusal (décrit ci dessous). Cette situation n’est pas dangereuse à court terme mais peut être inconfortable pour le patient. La plupart du temps, un simple ajustement des points de contact par polissage sélectif des zones en contact ou le déplacement de la dent pour minimiser la force du contact suffira à corriger cet inconfort.
- Il est logique de penser que, pendant un traitement d’orthodontie, la sensibilité dentaire soit reliée au traitement comme tel mais ce n’est pas nécessairement toujours le cas. Il existe d’autres causes aux douleur dentaires. Tout stimulus pouvant affecter ne nerf à l’intérieur de la chambre pulpaire de la dent enverra un message de douleur au cerveau. Ceci peut être le cas d’une cariée, fracturée, déplacée suite à un coup (traumatisme dentaire), etc. Des problèmes parodontaux peuvent aussi rendre les dents sensibles.
- Il y a toujours une explication aux douleurs dentaires mais parfois elle est difficile à identifier. Lorsque les causes les plus fréquentes ont été éliminées, la prise de radiographie peut parfois donner de l’information supplémentaire sur l’étiologie du problème.
Traumatisme occlusal, mobilité et sensibilité dentaire
- Lorsque les dents sont déplacées en orthodontie il se produit fréquemment des interférences ou « collisions » entre des dents opposées. Ces interférences causent ce qu’on appelle un traumatisme occlusal et sont en fait des contacts trop forts qui se produisent entre les dents.
- Certains utilisent le terme anglais « fremitus » pour décrire cette mobilité dentaire entre dents opposées qui entrent en contact lors de la fermeture de la mâchoire.
- Lorsque cela arrive, le maillon le plus faible de la chaîne cèdera et soit que :
- les dents en contact s’usent, se brisent ou fracturent,
- le parodonte (os et gencive qui supportent la dent) s’affaiblisse et qu’une mobilité dentaire apparaisse ou
- des symptômes aux articulations temporo-mandibulaires (ATMs) apparaissent.
- Dans les faits, ces trois réponses à une force trop grande peuvent se produire en même temps et dans différentes proportions.
- La résorption osseuse est un phénomène physiologique normal que nous utilisons à notre avantage en orthodontie pour déplacer les dents; nous appliquons une force contrôlée mais non excessive sur une dent pour résorber l’os alvéolaire du côté de la direction de mouvement de la dent. En présence d’un traumatisme occlusal, le même principe de résorption osseuse se produit mais l’origine de la force est un contact ou une interférence entre les dents plutôt qu’une force orthodontique appliquée volontairement sur les dents à l’aide d’un fil, élastique, ressort, etc.
- Mobilité dentaire : Lorsqu’une dent devient mobile, les forces de contact entre elle et la dent opposée sont trop fortes pour être supportées par l’os alvéolaire qui l’entoure et il peut se « détruire ». Cette « destruction osseuse » est en fait la résorption osseuse mentionnée précédemment et peut n’être qu’une décalcification temporaire et réversible, sauf sous certaines conditions particulières comme s’il y a présence d’infection ou d’inflammation gingivale (maladies parodontales).
- Les dents affectées par un traumatisme occlusal peuvent être sensibles ou pas du tout. Ceci peut être “impressionnant” (voir la vidéo ci-dessous) car la mobilité des dents est parfois significative mais n’occasionnera pas de dommages importants ou permanents si cette condition est corrigée rapidement.
- Cette mobilité est une réaction ou un mécanisme de défense de la dent pour se protéger contre des forces trop grandes* permettant ainsi de minimiser les bris (usure, fracture). La dent qui subit un traumatisme occlusal exerce une pression sur l’os environnant qui est résorbé, tout comme lorsque nous déplaçons les dents en orthodontie. Cette résorption et adaptation est possible à cause du ligament parodontal entourant la dent qui permet une légère mobilité naturelle pour toutes les dents mais qui contient aussi des cellules qui peuvent, sous l’effet de la pression, résorber l’os supportant la dent et permettre ainsi une mobilité plus grande ou anormale. Pour en savoir plus sur le déplacement des dents.
- Aussi croches et mal alignées que peuvent l’être les dents avant un traitement d’orthodontie, cette situation est habituellement assez stable. Avec la croissance et le temps les dents se sont imbriquées les unes entre les autres, des facettes d’usure sont apparues, de légers déplacement se sont produits jusqu’à ce qu’un certain état « d’équilibre » soit atteint dans lequel la position des dents est relativement stable tant que les forces qui agissent sur elles sont aussi en équilibre et stables.
- Il peut y avoir d’autres causes pour la sensibilité dentaires reliées à la dent comme telle (pulpite, inflammation dans la dent, etc.) ou autre chose qui doit être évaluer cliniquement.
- Est-ce dangereux? Il n’y a pas de danger de perdre une dent qui est mobile à cause d’un traumatisme occlusal s’il est éventuellement éliminé mais cela peut devenir très inconfortable. Si c’était le cas, n’hésitez pas à communiquer avec votre orthodontiste pour qu’il évalue le tout et remédie à la situation.
- En présence d’un traumatisme occlusal et d’une mobilité dentaire accrue, il est important de maintenir une hygiène buccale adéquate car la présence d’inflammation peut contribuer à la perte de tissus de support et mettre en péril la santé de la dent.
Exemples de traumatisme occlusal et inconfort temporaire pendant l’orthodontie.
- Traumatisme occlusal lors de la correction d’une occlusion croisée entre deux dents.
- (A) L’illustration ci-contre montre l’utilisation d’un élastique croisé postérieur qui vise à déplacer une molaire supérieure vers l’extérieur (côté de la joue – ligne rose).
L’élastique est attaché sur la surface interne (linguale) de la molaire et la surface externe (côté joue) de la molaire inférieure (la langue est représentée en orangé).
- (B) À mesure que la dent se déplace vers l’extérieur, elle atteindra un point où les pointes de chaque molaire arriverons dans une relation « pointe sur pointe« , ce qui peut rendre la façon de mordre instable et rendre les dents plus mobiles et sensibles à cause du « traumatisme occlusal » qui est ainsi créé.
- À ce moment, si l’inconfort est trop important, on peut polir légèrement les points de contact entre les dents (pointes des molaires). Sinon, la dent continuera à se déplacer vers l’extérieur sous l’effet de l’élastique jusqu’à sa destination finale qui éliminera la relation anormale temporaire et procurera un bon engrenage entre les dents.
- (C) La source du traumatisme occlusal étant alors disparue, les dents se « raffermiront », il y aura moins d’interférences, de mobilité et d’inconfort.
- (A) L’illustration ci-contre montre l’utilisation d’un élastique croisé postérieur qui vise à déplacer une molaire supérieure vers l’extérieur (côté de la joue – ligne rose).
- Traumatisme occlusal entre deux dents postérieures
- (A) Une prémolaire (*rose) trop haute cause une surocclusion et un traumatisme occlusal. Ceci rend la dent mobile et l’os se déminéralise autour de la racine (cercle et flèches; zone sombre autour de la racine)
- (B) Contact fort entre les deux dents opposées.
- (C) Après le traitement , la prémolaire a été abaissée, le traumatisme est disparu et l’os s’est reformé (reminéralisation) autour de la racine.
- (D) Il y a un contact normal sans « traumatisme » entre les deux dents.
- Traumatisme occlusal antérieur
- Dans cet exemple, des corrections orthodontiques sont faites à l’arcade inférieure seulement. Pendant l’alignement des dents (A, B, C), l’ incisive inférieur droite est déplacée vers l’avant et entre en contact avec la centrale supérieure droite, ce qui cause un traumatisme occlusal. Ces deux dents sont alors les seules qui sont en contact à l’avant. La pression entre les deux dents les rend mobiles, inconfortables (sensibles), mobiles et des espaces apparaissent (D) entre les dents à mesure qu’elles sont « forcées » vers l’avant par la force de mastication qui déplace l’incisive et le fil vers l’avant. À court terme, cette situation n’est pas dangereuse mais devra être corrigée.
- Le fait de reculer cette incisive vers l’intérieur éliminera le point de contact traumatique et la situation reviendra à la normale.
➡ Pour en savoir plus sur le déplacement des dents.
Vidéo d’un traumatisme occlusal entre prémolaires
- Cette vidéo représente la dentition d’une adolescente de 15 ans pendant un traitement d’orthodontie. Bien que les corrections orthodontiques de la malocclusion progressent bien, il y a un contact fort entre les premières prémolaires gauches (supérieure et inférieure) qui rend les dents mobiles.
- Le fait que le fil (arc) ait été retiré de la bouche pour la vidéo accentue le mouvement des dents. La dent la plus mobile est la prémolaire supérieure. Elle présente une mobilité bucco-linguale (et aussi verticale (comme un piston). La prémolaire opposée est modérément mobile. Les dents adjacentes supérieures et inférieures aux premières prémolaires ont une légère mobilité qui pourrait être qualifié de « normale » pendant des corrections orthodontiques.
- La mobilité de la prémolaire supérieure est cependant anormale et excessive. Cependant, bien que cela semble spectaculaire et peut être inquiétant pour les patients qui remarquent une telle mobilité, cette condition n’est pas « grave » et n’occasionnera pas de dommages permanents si elle est contrôlée. La dent ne tombera pas. Cette mobilité est une « réaction de défense » de la dent.
- un contact trop fort. Elle bouge pour éviter de se briser (usure, fracture) et cette condition sera rapidement réversible lorsque le contact sera diminué (polissage ou ajout de plis dans les fils pour déplacer les dents plus loin l’une de l’autre).
- L’hygiène buccodentaire est encore plus critique en présence de traumatisme occlusal car s’il y avait de l’inflammation des gencives causée par une accumulation de plaque dentaire, il pourrait y avoir perte de tissus (os et gencive).
* Précisions sur l’intensité d’une force agissant sur les dents;
Force physiologique vs traumatique – Traumatisme primaire vs secondaire
- Force physiologique : Une dent en santé, ayant un parodonte en santé répond aux forces qui lui sont appliquées en se déplaçant légèrement dans son alvéole (espace et ligament parodontal). Ces forces peuvent être les forces physiologiques normales (fonction, mastication, etc.) ou des forces orthodontiques. Une force physiologique permet à la dent de s’adapter sans dommage à à sans structure ou aux tissus environnants (parodonte).
- Force traumatique : Si la force est excessive et appliquée assez longtemps, cela peut causer du dommage à la dent et/ou au parodonte. Cette force peut alors être considérée comme « traumatique ».
- Cependant, si une dent a un parodonte affaibli par une perte osseuse, la proportion de la dent (racine) dans l’os alvéolaire est diminuée et la proportion à l’extérieur de l’os se trouve augmentée (la couronne et début de la racine exposée sont hors de l’os), changeant ainsi la capacité de la dent à supporter des forces en utilisant la racine comme « ancrage » pour la garder stable. Dans une telle situation, une force qui serait considérée « normale » (physiologique) peut devenir dommageable (traumatique) car la dent moins bien ancrée dans l’os ne supporte pas aussi bien les forces qui lui sont appliquées. Le résultat peut être similaire à une force traumatique appliquée sur une dent avec un parodonte normal.
- Les termes « traumatisme primaire » et « traumatisme secondaire » sont aussi utilisés pour décrire une force excessive agissant sur une dent entourée d’un parodonte normal (traumatisme primaire) ou une force normale (physiologique) agissant sur un parodonte affaibli (traumatisme secondaire).
- Lors d’un traumatisme primaire, le parodonte demeure intacte tandis que la dent se détériore (usure, bris, fracture) sous l’effet des forces.
- Avec un traumatisme secondaire, le parodonte est affecté et affaibli et même les forces qui étaient auparavant normales, causeront une mobilité et des déplacements dentaires.
- En conclusion, pour tenter d’évaluer l’effet d’une force sur une dent il ne faut pas seulement considérer son intensité mais aussi l’environnement de la dent sur laquelle la force est appliquée. Une force physiologique dans certaines conditions peut être traumatique dans une autre situation et vice versa.
- Ceci est une des raisons pour laquelle le traitement de patients affectés parodontalement (souvent des adultes d’un certain âge mais pas nécessairement) requiert des techniques et mécaniques orthodontiques et utilisation de forces qui sont différentes de celles utilisées pour un adolescent ayant un parodonte normal.
➡ Dernière mise-à-jour : 2017-03-16 @ 19:15:58 Jules E. Lemay, www.ortholemay.com – Tous droits réservés / All rights reserved Publié le : May 17, 2015 @ 00:58 |