- Lorsque la mâchoire supérieure est trop reculée par rapport à celle du bas, on tente d’influencer sa croissance en exerçant une traction vers l’avant avec un masque extra-oral. Des synonymes pour ce genre d’appareil sont; un masque facial de protraction, masque de traction extra-orale, masque facial, masque de protraction, masque orthopédique facial, masque de traction faciale orthopédique. Ils réfèrent tous au même genre d’appareil.
- L’indication principale pour l’utilisation d’un tel masque est la présence d’une déficience antéro-postérieure (sagittale) du maxillaire supérieur c’est-à-dire que la mâchoire su haut est trop reculée par rapport à celle du bas. Les patients affectés par un tel déséquilibre ont une malocclusion d’apparence « classe 3 » mais le diagnostic est important car une classe 3 peut aussi être causée par une prognathie mandibulaire (mâchoire inférieure trop longue) et ceci implique un plan de traitement différent.
- Les déficiences maxillaires sagittales sont souvent associées à une déficience affectant aussi la largeur du maxillaire (dimension transverse) de sorte qu’il est parfois nécessaire de combiner un avancement maxillaire à l’aide d’un masque extra-oral avec un protocole d’expansion maxillaire. Le régime d’activation de l’appareil d’expansion est cependant différent lorsqu’il est utilisé avec un masque facial.
- Lorsque le patient est traité pendant la période de croissance, il est possible d’utiliser un appareil relativement simple mais qui peut être très efficace.
Composantes du masque
- Cet appareil a 2 composantes : un appareil intra-oral ancré aux dents (bagues et fils) avec des crochets qui servent à attacher des élastiques du masque facial extra-oral et une partie extra-orale, le masque lui-même, composé d’un appui frontal, d’une mentonnière et d’un arc ou tige métallique rigide unissant ces deux composantes. Une section horizontale permet d’ancrer les élastiques sur le masque.
- Le masque est amovible et le patient doit le porter 10-12 heures/jour. Il peut le porter à la maison seulement, le soir et la nuit.
- Des élastiques sont accrochés sur les crochets sur le fil en bouche et ceux sur le masque. Ils exercent une traction qui est suffisante pour influencer la position de la mâchoire supérieure, un peu à la manière d’un tuteur qu’on place pour redresser un jeune arbre en croissance.
- Force orthopédique; la force générée par les élastiques est une force orthopédique c’est-à-dire qu’elle agit pour déplacer les mâchoires et non les dents comme le fait une force orthodontique. Elle doit être entre 8 – 10 oz pour avoir cet effet orthopédique sur la mâchoire supérieure. Cette force est beaucoup plus importante que celle des élastiques orthodontiques utilisés sur les appareils multi-bagues fixes (« broches ») qui varie entre 2-5 oz.
- Les changements sont souvent visible rapidement, après quelques semaines, mais on demande au patient de porter le masque pendant plusieurs mois pour obtenir le maximum de correction possible (7-12 mois),.
- Une fois la relation des mâchoires corrigée à l’aide du masque, les appareils sont enlevés et nous suivons l’évolution de la dentition, la croissance et la relation entre les mâchoires.
- La plupart du temps, il sera nécessaire de faire des corrections supplémentaires lors d’une deuxième étape une fois la dentition permanente terminée car l’amélioration de la relation des mâchoires ne garanti en rien que les dents permanentes sortiront correctement par la suite. Ces corrections sont faites à l’aide d’appareils multi-bagues fixes ou « broches » ou autre moyen.
Voici un exemple de l’utilisation d’un masque facial chez un jeune patient de 10 ans. Les principales caractéristiques de sa malocclusion dentaire sont :
- une mâchoire supérieure reculée (déficience maxillaire);
- profil plat ou concave; la lèvre supérieure est reculée ou fuyante;
- occlusion croisée antérieure sévère lorsque le patient ferme complétement (A);
- en fermant, il y a une interférence entre les dents antérieures du haut et celles du bas qui fait glisser la mandibule vers l’avant (B);
L’appareil servant d’ancrage en bouche pour le masque facial extra-oral est relativement simple : une bague sur 2 molaires reliées par 2 fils rigides. Deux crochets servent à attacher les élastiques du masque. Ce type d’appareil est connu sous le nom de masque « Delaire » d’après son concepteur le professeur Jean Delaire.
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Pour en savoir plus sur le traitement précoce des malocclusions avec une tendance Classe 3.
Devrait-on laisser agir la nature?
En présence de déséquilibres squelettiques significatifs, nous nous faisons souvent poser la question à savoir s’il ne serait pas préférable ou plus simple de laisser agir la nature et de laisser s’exprimer la fin de la croissance puisque, de toute façon, dans les cas les plus sévères, une chirurgie orthognathique sera nécessaire pour rétablir l’équilibre entre les mâchoires. Cette question provient souvent des parents mais aussi des dentistes généralistes qui nous dirigent les patients. Parfois, un autre spécialiste a recommandé d’attendre pour intervenir que la croissance soit terminée. Notre position à ce sujet est la suivante :
Laisser agir la nature?
- Ça ne donne absolument rien de “laisser faire la nature”. Lorsqu’on constate en bas âge un déséquilibre entre les mâchoires, on réalise déjà ce que fait la nature et cela n’est pas à l’avantage du patient alors à quoi bon continuer cette tendance? Il est vrai qu’il est possible qu’une fois les corrections terminées, un excès de croissance supplémentaire perturbe à nouveau l’équilibre entre les mâchoires.
- La situation la plus probable pour une « récidive » est une croissance supplémentaire de la mandibule qui créerait à nouveau une tendance classe 3. Le maxillaire supérieur quant à lui ne se mettra pas à reculer une fois qu’il aura été avancé.
- Si la croissance résiduelle est vraiment excessive alors oui, dans ces rares cas une chirurgie peut éventuellement être indiquée pour rétablir à nouveau un équilibre normal entre les mâchoires mais quelles sont les chances que cela se produise? Difficile à dire et le meilleur indice est d’évaluer les parents et membres de la famille immédiate car ce problème a une très forte étiologie génétique. Si personne dans la famille de présente des classes 3 sévères causées par une prognathie mandibulaire, il serait très surprenant qu’une croissance excessive cause une récidive importante après une première phase de traitement.
Ce n’est pas parce que la croissance peut apporter des changements futurs indésirable à des corrections orthodontiques qu’il faut baisser les bras et ne pas intervenir de façon précoce, surtout en présence de problèmes squelettiques, car très souvent cette première intervention est suffisante et la chirurgie peut être évitée. De toute façon, si la thérapie n’est pas tentée, cela compromet inévitablement le patient à une chirurgie.
Quand intervenir?
- Nous avons à l’occasion des demandes de la part de parents qui décrivent la malocclusion de leur enfant comme une sévère classe 3 causée par une déficience maxillaire et/ou une prognathie mandibulaire.
- Il semble bien que, même à ce jeune âge, la fondation pour le développement d’un déséquilibre antéro-postérieur des mâchoires soit déjà établie et que cela puisse justifier une intervention précoce.
- Cependant, même si les indications théoriques de traitement sont présentes, il faut réaliser qu’il n’est pas toujours évident de traiter de patients aussi jeunes. Il faut prendre des radiographies, photographies intra-orales, des empreintes des arcades dentaires pour fabriquer les appareils, etc. et le patient doit pouvoir et vouloir porter un masque facial.
- Le port d’un masque n’est pas difficile en soi mais il est parfois difficile de faire comprendre à un enfant si jeune l’importance et la nécessité d’intervenir.
- Pour les cas les plus sévères, nous avons déjà traité des patients de 4-5 ans lorsque nous percevions, avec l’opinion des parents, que le patient serait coopératif.
- Pour les cas moins sévères, nous préférons parfois attendre une ou deux années supplémentaires pour que le patient soit plus « mature » mais il n’est pas indiqué d’attendre l’adolescence.
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Pour voir les détails de ce cas traité à l’âge de 5 et 6 ans
➡ Dernière mise-à-jour : 2017-04-04 à 20:55:46 © Jules E. Lemay, www.ortholemay.com – Tous droits réservés / All rights reserved Publié le : May 9, 2010 @ 22:12 |