La perfection en orthodontie
En orthodontie, nous avons aussi notre « plan de construction » (plan de traitement) qui nous sert de guide dans l’atteinte d’objectifs de traitement mais, contrairement à la construction en Lego, ce plan ne mènera pas aux mêmes résultats d’une personne à l’autre, même si nous avons des « pièces » identiques au départ.
Le résultat du traitement d’orthodontie
Plusieurs facteurs peuvent influencer le résultat du traitement d’orthodontie et empêcher l’atteinte d’objectifs de traitement idéaux comme :
- l’âge du patient;
- le potentiel de croissance et développement restant (indirectement relié à l’âge du patient). La croissance peut être inadéquate ou excessive;
- la coopération du patient pendant le traitement (port d’élastique, hygiène buccale, assiduité aux rendes-vous, etc.). L’importance de la coopération est grandement sous-estimée dans le succès des traitements orthodontiques, surtout en ce qui concerne le port des élastiques;
- la présence d’un déséquilibre squelettique entre les mâchoires;
- la dentition : la présence de dents manquantes, brisées, extraites, abimées, avec d’importantes restaurations, etc.;
- l’anatomie des dents; certaines dents sont plus larges, étroites, difformes, etc. ce qui affecte leur relation idéale avec les autres dents;
- la musculature (influence de la langue, des joues, lèvres, etc.), l’ossature (densité osseuse) et les habitudes (langue, bruxisme, suçage de doigt, etc.);
- la santé du parodonte (des tissus de support des dents; os et gencive);
- la durée du traitement (disponibilité du patient); certains patients ont des contraintes de temps et nous donnent une période limitée pour les traiter, ce qui rend difficile ou impossible de faire des corrections complètes. Parfois, des « ultimatums » nous sont imposés pour terminer un traitement (mariage, bal de finissants, déménagement, etc.);
- le coût d’un traitement; si le budget du patient ne lui permet pas d’envisager un traitement global ou idéal, un compromis doit être envisagé si cela est possible;
- les exigences particulières des patients; certaines personnes refusent d’avoir recours à la chirurgie, de subir des extractions ou de porter certain types d’appareils correcteurs. Cela peut alors limiter les possibilités de traitement que l’orthodontiste peut offrir au patient;
- etc.
Il faut aussi réaliser que, parfois, c’est le patient qui demande dès la consultation d’avoir un traitement de compromis. Les raisons principales sont souvent la durée et le coût des traitements. À l’occasion, il est possible pour l’orthodontiste d’acquiescer à cette demande mais parfois cela n’est pas réaliste et il doit refuser.
Il est difficile d’avoir un résultat identique avec deux cas similaires qui débutent avec des « blocs » de construction différents et, même si ces composantes étaient similaires, les facteurs énumérés précédemment ont une influence différente sur chacun des cas.
- Le plan de traitement est certes un bon guide pour le praticien dans l’atteinte de ses objectifs mais il se doit d’être réaliste, tout comme les attentes des patients.
- En théorie, la seule façon d’obtenir un résultat « parfait » serait d’avoir tous les éléments et conditions « parfaites » en début de traitement pour atteindre cet objectif. En réalité cependant, ceci est rarement le cas, pour ne pas dire jamais…!
- C’est pourquoi nous préférons référer à un résultat « optimal », « idéal », « excellent », se rapprochant de la « normalité », etc. plutôt qu’un résultat « parfait », que nous considérons inatteignable.
- Comme avec un jeu de Lego, il sera impossible d’assembler un modèle « parfait » si on a pas tous les bons blocs de la bonne couleur et dimensions!
L’analogie du Lego et du traitement d’orthodontie
(A) En orthodontie nous débutons un traitement avec une dentition et une malocclusion spécifique à chaque patient. Chaque patient a des caractéristiques qui lui sont particulières; dentition, grosseur et forme des dents, musculature, mâchoires, etc.
(B) Nous élaborons un plan de traitement qui vise à obtenir les meilleurs résultats esthétiques et fonctionnels possibles tout en tentant de répondre aux attentes des patients. Ces objectifs de traitement ne sont jamais la « perfection » mais constituent l’ « idéal » pour un patient spécifique et cet idéal variera d’un patient à l’autre selon les caractéristiques de sa dentition et sa malocclusion et des moyens que le patient est prêt à prendre pour corriger son problème.
Avec un jeu de blocs Lego, si plusieurs personnes débutent avec les même blocs (dimensions et couleurs identiques) et suivent le même plan d’assemblage, toutes obtiendront exactement le même résultat sans variation aucune. Ce n’est cependant pas ce qui se passe en orthodontie avec une dentition et des patients. Il y aura autant de variations possibles qu’il y a de patients.
(C) Certaines variables mentionnées précédemment comme le manque de coopération, une dentition mutilée, des dents manquantes ou le refus d’avoir recours à certaines procédures par le patient (chirurgie, extractions, etc.) peuvent nous empêcher d’atteindre les objectifs idéaux. Il faut alors accepter un résultat de compromis.
(D) Même si les conditions semblent idéales et, malgré la bonne volonté du clinicien et du patient, il est parfois impossible d’atteindre l’ « idéal » et certains degrés de compromis ou « variations » de l’idéal doivent être considérées comme acceptables. Le fait de ne pas atteindre un résultat optimal n’indique pas nécessairement un échec ou un mauvais traitement.
De tels résultats peuvent quand même procurer une meilleure fonction et esthétique au patient et améliorer ainsi sa qualité de vie.
Tout débute avec le diagnostic
Tout commence par un bon diagnostic. Tout problème doit d’abord être diagnostiqué avant d’être traité et le diagnostic est la base de tout traitement. Les objectifs de traitement et le plan de traitement dépendent directement de ce diagnostic. Cette équation de base est simple, universelle et inévitable pour maximiser les chances de succès de tout traitement.
➡ Pour en savoir plus sur l’importance du diagnostic.
La perfection n’existe pas!
Comme dit le dicton : « la perfection n’est pas de ce monde ». L’orthodontie, tout comme la dentisterie et la médecine, n’est pas une science exacte. Malgré ce que prétendent certains praticiens dans leur publicité et leurs « slogans » , le sourire parfait, la bouche parfaite, la dentition et l’occlusion parfaites sont impossibles à atteindre et n’existent que théoriquement ou dans la tête des rêveurs irréalistes! Vous n’avez qu’à faire une recherche Internet avec les termes « dentition, bouche, sourire, occlusion » et « parfait(e) » pour vous en convaincre. Vous serez dirigés vers une multitudes de sites laissant sous-entendre pouvoir éliminer tous les défauts dentaires tracassant un patient et ainsi lui offrir le sourire « parfait » tant convoité! Cette illustration comporte quelques extraits ainsi trouvés sur différents sites!
Si quelqu’un vous promet ainsi « la perfection », tentez de vous le faire mettre par écrit, ce sera le vrai test du sérieux de cette allégation!
Un praticien peut vous promettre ou « garantir » de faire de son mieux, d’utiliser les standards en vigueur dans son domaine et de tenter d’atteindre le meilleur résultat possible mais de là à garantir la perfection…
Définir la perfection
Avant de tenter d’atteindre la perfection, il faudrait tout d’abord qu’elle soit définie, ce qui n’est pas une tache facile. La perfection peut avoir plusieurs sens et définitions pour différentes personnes alors comment s’entendre de façon unanime sur un tel concept. Ce qu’un patient peut considérer comme « parfait » peut présenter une foule d’imperfections, irrégularités, et anomalies aux yeux d’un orthodontiste tandis qu’un résultat considéré comme « idéal » par un praticien peut ne pas satisfaire un patient qui lui, le trouve « imparfait ». La notion de « perfection » en dentisterie et orthodontie est d’autant plus complexe qu’elle rejoint deux aspects; la fonction et l’esthétique. Les patients réfèrent la plupart du temps à la perfection esthétique qui, tel que discuté précédemment, est très subjective. La « perfection fonctionnelle » quant à elle, est plus objective, « mesurable », cartésienne et relativement possible à évaluer (dans une certaine mesure). Il serait donc possible, en théorie, de se rapprocher plus d’une perfection fonctionnelle qu’esthétique simplement à cause de la définition de chacune.
L’homme de Vitruve
Ce célèbre dessin de Léonard de Vinci montre un homme nu avec bras étendus, dans deux positions superposées et comprises dans un carré et un cercle. Les textes accompagnateurs visent à démontrer que la nature est la manifestation de la perfection et que l’homme, étant la mesure de tous les éléments, se doit donc d’être parfaitement proportionnel.
Encore une fois, un concept théorique intéressant mais qui ne se reflète pas dans la réalité. L’homme est peut-être ce qui se rapproche plus de la « perfection » mais sa dentition ne sera jamais « parfaite »!
« L’excellence en orthodontie, plus que des dents droites mc«
Ce slogan (et notre marque de commerce enregistrée) que nous utilisons pour notre pratique depuis plusieurs années reflète bien notre philosophie c’est-à-dire que nous tentons d’obtenir l’excellence tout en étant conscients que la perfection elle, n’est pas atteignable. L’excellence orthodontique va bien au delà d’avoir « des dents droites » même si cela constitue une partie importante du résultat recherché par les patients et l’orthodontiste.
Il faut un objectif, une « cible »
Il faut viser une cible! L‘absence de perfection ne signifie pas que d’excellents résultats, tant du point de vue esthétique que fonctionnel, ne puissent pas être atteints et qu’il ne vaille pas la peine d’entreprendre un traitement. Dans l’élaboration d’un plan de traitement, il faut évidemment avoir des objectifs qu’on tente d’atteindre, tout comme une « cible » au tir à l’arc. La seule façon d’atteindre cette cible est de savoir où elle se trouve et d’au moins viser dans sa direction pour tenter de l’atteindre!Cette analogie peut s’appliquer aux traitements dentaires et d’orthodontie. Tel que décrit ci-haut, il existe une multitude de facteurs incontrôlables, soit par le clinicien et/ou le patient, qui peuvent influencer le résultat final du traitement. On atteint rarement le milieu de la cible mais le fait de ne pas atteindre le « bullseye » ne signifie pas que ce soit un échec pour autant. Chaque traitement est en fait une forme de compromis à différents degrés. |
Esthétique et fonction
Ces termes, qui réfèrent à des objectifs de traitement de nous tentons toujours d’atteindre peuvent être difficile à définir. En ce qui concerne l’esthétique… la définition de l’esthétisme et son interprétation sont variables et parfois très personnelles. Pour ceux que le sujet intéresse et qui veulent approfondir la notion de l’influence de la beauté et l’esthétisme dans notre vie, un très bon livre par Nancy Etcoff fait un excellent résumé.1 Elle tente de répondre à la question « Qu’est-ce que la beauté et comment la reconnaissons-nous »? et explique que « …l’idéal de la beauté n’existe que dans notre esprit, pas en chair et en os… ». Ceci s’applique tout aussi bien à la dentition, le sourire et l’occlusion et, quiconque souscrit à cette philosophie, doit reconnaître qu’il est difficile de satisfaire les exigences personnelles et variées de tout le monde.L’aspect « fonctionnel » quant à lui est plus « scientifique », cartésien ou « mesurable » mais, même à cela, tous ne s’entendent pas sur la définition d’une fonction mandibulaire et articulaire (articulations temporo-mandibulaires) « parfaite » ou idéale alors nous ne prétendrons certainement pas pouvoir l’obtenir. |
Obligation de moyen ou de résultats?
- Les spécialistes de la santé dont les orthodontistes, qui entreprennent des traitements ont ce que l’on appelle une « obligation de moyens » et non une « obligation de résultat » ce qui est est très différent.
L’obligation de moyens signifie qu’un praticien doive mettre en oeuvre tous les moyens nécessaires et possibles pour obtenir le succès du traitement, même si ce résultat ne peut en aucun cas être garanti. 2
Dans le domaine de l’orthodontie, cela signifie qu’un orthodontiste doit avoir pris les moyens appropriés et reconnus dans son domaine d’expertise (l’orthodontie) et avoir apporté à l’exécution du traitement la prudence et la diligence d’une personne raisonnable de même qualité qui serait placée dans une situation similaire. Il doit utiliser le meilleur de ses connaissances tout en agissant dans les limites de ses connaissances pour pallier au problème à résoudre.
- L’obligation de moyens sous-entend que le praticien déploiera ses meilleurs efforts selon ses capacités pour atteindre des objectifs préalablement établis.
Tout comme en médecine, les professionnels médicaux s’engagent à tout faire pour soigner sans s’engager à guérir. Un traitement n’implique pas nécessairement une guérison. - En d’autres mots, le praticien ne peut que « garantir » d’agir selon les “normes” de sa profession sans pouvoir promettre ou garantir quelque résultat précis que ce soit.
L’obligation de résultat, quant à elle, implique qu’un professionnel doit obtenir les résultats prévus.
Donc, tout ce que nous pouvons « garantir » est que nous ferons de notre mieux, selon les règles de l’art, pour atteindre les objectifs de traitement fixés sans toutefois garantir l’atteinte complète ou partielle de ces objectifs (résultat). Cela, nous vous le garantissons! ➡ Pour en savoir plus sur la « garantie « de la stabilité des résultats orthodontiques pendant la période de rétention. |
Consentement libre et éclairé
Le consentement du patient doit être libre et éclairé.
Un consentement libre signifie qu’il a été pris sans a aucune dorme de contrainte, menace, pression ou de promesse de la part du praticien, de la famille ou de l’entourage du patient. Le patient doit donner son autorisation au traitement de son plein gré et en toute connaissance de cause.
Un consentement éclairé signifie que le patient a reçu toute l’information pertinente sur ce qui m’est proposé de manière à connaître, dans la mesure du possible les différentes options qui s’offre à moi ainsi que les risques et conséquences associés à chacune des options. C’est une décision prise en toute connaissance de cause.
Les textes légaux font la distinction entre « libre » et « éclairé » mais dans la vie courante, les deux notions sont indissociables car il impossible de se considérer comme libre de décider sans être adéquatement informé. La liberté de décision va donc de pair avec l’information.(5)
Pour obtenir le consentement libre et éclairé du patient, il faut lui fournir, notamment, les renseignements suivants :
- le diagnostic;
- la nature du traitement;
- les interventions à effectuer;
- les bénéfices et les risques associés aux interventions;
- les conséquences d’un refus ou d’une non-intervention;
- les autres possibilités de traitement.
En médecine, en dentisterie et en orthodontie, le patient doit être informé de ce que comprend le traitement proposé. Le praticien doit fournir des informations précises sur le(s) traitement(s) en indiquant les avantages et inconvénients d’y avoir recours. (3)
- Le patient doit aussi être informé des autres traitements possibles (traitement limité, traitement de compromis, méthodes alternatives, etc.), s’il y en a, et les coûts associés à chacun ainsi que des désavantages de ne pas avoir recours au traitement s’ils peuvent être évalués ou anticipés.
- L’information doit être présentée de façon claire et précise pour ce que le patient puisse bien la comprendre et poser des questions s’il y a lieu.
- De cette façon le patient (ou ses parents) seront biens informés des objectifs du traitement et des moyens qui seront pris pour arriver à ce résultat et pourront prendre une décision éclairée en toute connaissance de cause.
- À noter que la divulgation d’information et les discussions entre un patient et son praticien ne signifient pas que le praticien doive prédire et savoir exactement tout ce qui se produira et quand pendant un traitement d’orthodontie mais les risques et limitations particulières à un cas devraient être mentionnées… s’il est possible des anticiper. Il existe aussi certains risques et limitations inhérents à tout traitement d’orthodontie qui peuvent se produire occasionnellement.
- Cet échange d’information entre le patient (parents) et l’orthodontiste a pour but d’informer le patient le mieux possible pour qu’il ait une idée réaliste des possibilités de l’orthodontie et que ses attentes soient réalistes face à ce traitement.
Les attentes de chacun doivent être réalistes
- Si ce qui est proposé par l’orthodontiste de répond pas aux attentes et à la (aux) plainte(s) principale(s) du patient, il est préférable que ce dernier n’entame pas le traitement. L’opposé est vrai aussi; si le praticien ne peut proposer un traitement valable qui permettra d’atteindre les objectifs de traitement satisfaisant le patient, il est préférable que l’orthodontiste recommande au patient de ne pas se faire traiter.
- Ceci implique que le patient doive avoir des attentes réalistes qui devront être bien expliquées au praticien (l’orthodontiste ne peut deviner ce que désire le patient s’il ne lui explique pas ce qu’il aimerait modifier dans sa bouche, son occlusion, etc.).
- L’avènement de nouvelles techniques et appareils orthodontiques plus esthétiques incite souvent les patients à considérer l’orthodontiste mais les possibilités de ces techniques étant plus limitées, les désirs des patients sont souvent irréalistes pour obtenir les résultats qu’ils espèrent avec ces méthode. Il revient donc au praticien de :
- bien informer le patient des limites de telles techniques afin qu’il décide s’il veut entreprendre un traitement de compromis ou,
- simplement refuser de traiter le patient avec de telles méthodes s’il les considére inefficaces pour atteindre les objectifs visés ou,
- proposer des méthodes alternatives plus efficaces (sans être « infaillibles »).
- À noter que « l’échec » apparent d’un traitement, ou ce qui pourrait sembler l’être, comme par exemple si tous les objectifs de traitement fixés au début n’étaient pas atteints complètement, n’est pas nécessairement une faute car plusieurs facteurs (coopération, croissance, etc.) peuvent affecter ces résultats.
- En conclusion, la discussion entre le patient et l’orthodontiste avant même le début du traitement doit permettre au patient de verbaliser ses désirs et attente face à un traitement d’orthodontie et à l’orthodontiste de comprendre ces demandes et de proposer des méthodes et plans de traitement pouvant permettre de satisfaire le patient dans la mesure du possible. Lorsque ces « règles de bases » sont respectées cela minimise les chances que le patient ou l’orthodontiste ne soient pas satisfaits su traitement. La plupart des « conflits » ont comme origine un manque de communication!
« La sagesse, c’est la prévoyance. » (5)
Je paye… donc je veux que tout soit parfait!
Nous entendons parfois cette remarque de la part de patients qui considèrent que, étant donné qu’ils « payent cher » pour leur traitement, ils exigent et s’attendent à ce que tout soit « parfait » au point de devoir s’acharner thérapeutiquement pour tenter d’atteindre des objectifs irréalistes. Tout le monde, incluant l’orthodontiste, désire des résultats excellents dans un délai raisonnable mais, le fait de « payer » pour un traitement ne rend pas la perfection plus atteignable pour autant.
Nos cas ne sont pas parfaits!
Tout est un certain compromis…
Montrez-nous un « sourire parfait » ou un cas traité en orthodontie que quelqu’un considère « parfait » et nous le décortiqueront pour y trouver de nombreux défauts et imperfections! Ceci s’applique aussi bien aux cas que nous traitons, même les plus beaux résultats que nous avons obtenus et les nombreux cas publiés sur ce site Internet!
Petite anecdote :
En début de carrière, mais après déjà plusieurs années de pratique, j’étais (Dr Jules) particulièrement fier d’un certain cas très difficile que nous avions traité de façon exemplaire et avec des résultats au delà de nos espérances et celles du patient et ses parents. Je considérais le résultat obtenu comme étant extraordinaire, pour ne pas dire « parfait » selon tous les critères possibles (fonction, occlusion, esthétique, confort et satisfaction du patient, etc.). En mentionnant ce fait à mon père (orthodontiste depuis plusieurs décennies déjà) il me dit que, pendant toute sa carrière, il a eu plusieurs « beaux et excellents » résultats de traitement mais jamais de « cas parfait » et qu’il n’attendrait pas d’en obtenir un pour prendre sa retraite car c’est inatteignable! (Il prit finalement sa retraite après ~ 55 ans de pratique!). Quel rabat-joie! 🙁
J’ai cependant vite réalisé qu’il avait raison et qu’on ne peut que prétendre atteindre la perfection mais sans jamais l’atteindre… Ainsi, en plus de 80 années combinées de pratique d’orthodontie… nous sommes toujours à la recherche de ce cas parfait qui nous échappe toujours! Peut-être que d’autres l’ont obtenu?
C’est aussi pourquoi pour décrire une bonne ou excellente nous préférons utiliser les qualificatifs « fonctionnel », « optimal », « idéal » ou « normal » (FOIN) plutôt que le terme « parfait »
Voici des exemples de cas qui, pour différentes raisons, n’ont pas été terminés d’une façon « parfaite » ou même idéale. Parfois, le manque de coopération du patient à porter les élastiques empêche d’obtenir les déplacements dentaires voulus mais, en d’autres occasions et malgré une bonne coopération, la réponse de la dentition n’est pas celle espérée et un compromis doit être accepté.
Compromis non-chirurgical; un plan de traitement loin de la « perfection »!
- (A) Ce patient adulte présente un recul mandibulaire assez sévère (rétrognathie) pour justifier une chirurgie orthognathique afin de rétablir l’équilibre entre ses mâchoires et ainsi améliorer la fonction de sa dentition et l’esthétique du visage.
- Le plan de traitement prévoyait un avancement mandibulaire chirurgical pour compenser pour la mâchoire inférieure trop reculée (D et E – flèches).
- En cours de traitement, après l’alignement des dents et la diminution du surplomb vertical entre les dents, le patient a changé d’idée et ne désirait plus avoir recours la chirurgie. Nous avons donc dû modifier le plan de traitement et accepter un compromis.
- (B) Après l’enlèvement des appareils, il manquait des contacts entre les dents postérieures et la mandibule était toujours aussi reculée.
- (C) Un an après la fin du traitement, les contacts postérieurs se sont rétablis.
Ceci est un compromis sérieux par rapport à une approche « idéale » mais apporte quand même beaucoup de bénéfices à ce patient.
Extraction d’une molaire endommagée et fermeture d’un espace important.
Dans ce cas, exceptionnellement, une première molaire inférieure (astérisque * bleu) fut extraite parce qu’elle était sévèrement endommagée, avait un traitement de canal et aurait nécessité la fabrication d’une couronne après l’orthodontie. De plus, la dent de sagesse incluse (* noir) aurait été condamnée à l’extraction.
- (A, C et E) Malocclusion avant le traitement. L’extraction de la molaire (* bleu) a permis d’avancer la deuxième molaire et de « récupérer » la troisième molaire (dent de sagesse – *noir)
- (B, D et F) Après le traitement, ce patient se retrouve donc avec deux bonnes molaires. De plus, il a évité l’extraction complexe d’une dent de sagesse incluse et n’aura pas besoin de faire une couronne sur la dent endommagée qui a été extraite.
- Ce plan de traitement complexe a donné d’excellents résultats mais l’occlusion finale n’est pas parfaite; les lignes médianes sont légèrement déviées (B – lignes) et l’engrenage des dents postérieures présente quelques espaces et contacts légers (B – cercle).
Traitement de compromis avec un incisive incluse
- Ce patient adulte a un espace supérieur gauche qu’il aimerait fermer.
- Une particularité affecte la région inférieure antérieure; il a une incisive incluse (*).
- Un chirurgien maxillo-facial considère qu’il serait trop risqué de l’extraire alors elle doit rester en place.
- Ceci impose des contraintes pour le traitement d’orthodontie; les dents adjacentes à la dent incluse doivent être maintenues dans une position inclinée l’une vers l’autre afin d’éviter que leurs racines entrent en collision avec la dent incluse.
- Ceci empêche aussi de tenter d’aligner les lignes médianes supérieure et inférieure (le centre des dents antérieures) et empêche d’avoir des contacts postérieurs normaux ou idéaux du côté gauche (engrenage des dents).
- Malgré ces compromis, nous considérons que ce traitement fut un succès car l’occlusion, la fonction et l’esthétique du sourire furent significativement améliorés.
Un excellent résultat mais…
Des compromis significatifs peuvent être déterminés comme objectif de traitement dès le départ et faire partie du plan de traitement (comme par exemple garder un certain écart entre les dents antérieures chez un patient qui refuse une chirurgie orthognathique) tandis que d’autres doivent être envisagés pendant le traitement (par exemple par manque de coopération). Pour en savoir plus sur les traitements de compromis.
1- Survival of the Prettiest: The Science of Beauty, Nancy Etcoff , July 2000
2- Fonds d’assurance-responsabilité professionnelle de l’Ordre des dentistes du Québec (FARPODQ) Volume 4 no 1 / Mai 2013 / 5
3- Fonds d’assurance-responsabilité professionnelle de l’Ordre des dentistes du Québec (FARPODQ) Volume 18 no 1 / janvier 2016 / 5
4- Dictionnaire des proverbes, Larousse « Sagesse » p. 471, 1977. (Térence, Adelphi, 386, IIe s av. J. C.)
5- Le consentement. Qu’est-ce que le consentement libre et éclairé. Collège des médecins du Québec, site Web http://aldo.cmq.org/fr-CA/GrandsThemes/Consentement/DefConsentement.aspx 2016-07-09
Collège des médecins du Québec. « L’information médicale avant la prise de décision », Le Collège, Vol. XL, no 1, mai-juin 2000.
➡ Dernière mise-à-jour : ?date:yyyy-MM-dd? à ?time: »HH:mm:ss »? © Jules E. Lemay, www.ortholemay.com – Tous droits réservés / All rights reserved Publié le : May 12, 2012 @ 20:39 |