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Désordres des ATM : mise au point sur les méthodes diagnostiques et les traitements

Désordres des ATM : mise au point sur les méthodes diagnostiques et les traitements

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Communiqué de l'Ordre des dentistes du Québec sur les désordres des articulations temporo-mandibulaires

Le texte suivant est un communiqué publié par l’Ordre des dentistes du Québec le 7 décembre 2012 et  ayant pour but d’apporter des précisions sur différentes méthodes diagnostiques utilisées afin de diagnostiquer des problèmes aux articulations temporo-mandibulaires.

Les désordres temporo-mandibulaires : mise au point sur les méthodes diagnostiques et les traitements

Les désordres temporo-mandibulaires désignent un ensemble d’affections qui touchent l’articulation, les muscles et autres structures associés à la fonction masticatoire. Les signes et symptômes qui accompagnent ces affections sont divers et peuvent comprendre de la douleur, des difficultés à ouvrir la bouche, à mastiquer ou à parler, et des bruits articulaires.

Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer l’étiologie de ces désordres, dont les malocclusions, la mauvaise relation mandibule-crâne, la malposition condylienne, le bruxisme et la position de repos physiologique optimale de la mandibule selon l’approche neuromusculaire. Ces diverses écoles de pensée proposent l’utilisation de techniques ou d’appareils électroniques à des fins diagnostiques, tels que l’analyse de l’occlusion, l’électromyographie, l’enregistrement dynamique des mouvements mandibulaires, des sons et des vibrations produits par l’articulation, ou encore l’analyse de la concentricité et de l’état des condyles.

Les données scientifiques probantes tirées de recherches de qualité adéquate n’ont pu démontrer que ces techniques d’enregistrement et d’analyse avaient une sensibilité et une spécificité acceptables pour séparer les sujets aux prises avec des désordres temporo-mandibulaires de ceux qui n’en souffrent pas. Ces outils génèrent une proportion de faux résultats positifs trop élevée par rapport aux normes de référence, avec des valeurs prédictives positives également faibles.

En d’autres mots, aucune de ces méthodes n’améliore la capacité de diagnostiquer de façon précise les désordres temporo-mandibulaires lorsqu’on les compare à l’anamnèse, à l’examen clinique complet, comprenant entre autres la palpation des muscles et des articulations, à l’auscultation des articulations et à la mesure avec une règle millimétrée des mouvements mandibulaires, et à certaines techniques d’imagerie des articulations temporo-mandibulaires. Ces méthodes pourraient également mener à un diagnostic erroné chez un patient ayant des douleurs orofaciales sans atteinte temporo-mandibulaire.

Les croyances voulant que toute déviation par rapport à une occlusion idéale, à une position condylienne bien centrée ou à une position neuromusculaire optimale de la mandibule constitue un facteur étiologique expliquant les désordres temporo-mandibulaires contribuent seulement à échafauder des plans de traitement invasifs et coûteux sur des prémisses en apparence plausibles, mais non validées.

Étant donné que la plupart des désordres temporo-mandibulaires observés en clinique n’ont pas d’étiologie connue, leur traitement devrait être basé sur le modèle biopsychosocial et sur l’utilisation de thérapies réversibles et non invasives. Plusieurs approches réversibles se sont avérées au moins aussi efficaces pour le soulagement des symptômes de désordres temporo-mandibulaires que la plupart des approches invasives.

Les études à long terme démontrent d’ailleurs que plusieurs de ces désordres auront simplement et naturellement tendance à s’améliorer avec le temps, sans qu’on puisse attribuer cette amélioration à un type de traitement biomécanique en particulier.

Finalement, en l’absence de données scientifiques probantes, recourir à des méthodes de diagnostic et de traitement des désordres temporo-mandibulaires qui se situent en deçà des standards de fiabilité et de validité reconnus soulève un questionnement déontologique. Il est également important de tenir compte du rapport coûts/bénéfices dans la prise de décision associée au choix d’un traitement.

Pour en savoir plus sur les articulations temporo-mandibulaires.

L’ajustement d’occlusion peut-il traiter ou prévenir les troubles aux ATMs

Qu’en pensent les scientifiques et que dit la littérature?

  Le groupe Cochrane est un réseau international sans but lucratif de professionnels de la santé, chercheurs et défenseurs  des patients  répartis dans plus de 120 pays et qui tente de rendre utile la grande quantité de données issues de la recherche pour éclairer la prise de décision en matière de santé. Leur travail est internationalement reconnu comme étant la référence pour obtenir de l’information de qualité sur l’efficacité des soins de santé.

En 2002, le groupe « Cochrane collaboration » a fait une étude approfondie ayant révisé 660 articles scientifiques concernant les thérapies des articulations temporo-mandibulaires  et a conclu qu’il y a une absence de preuves dans les essais contrôlés randomisés que l’ajustement occlusal ou l’ajustement d’occlusion puisse traiter  ou prévenir les troubles temporo-mandibulaires (TTM) et, par conséquent, ceci ne peut être recommandé pour le traitement ou la prévention des TTM. 15

Voici quelques détails de cette étude

ajustement d'occlusion, ajusteent occlusal et le traitement et la prévention des troubles de l'articulation temporo-mandibulaire  Contexte : Historiquement, l’ajustement occlusal ou l’ajustement d’occlusion a été utilisé dans la gestion des troubles temporo-mandibulaires (TTM) mais on ne sait pas si cette thérapie est efficace dans le traitement des TTM.

Objectifs de l’étude : Évaluer l’efficacité de l’ajustement occlusal pour traiter TTM chez les adultes et la prévention de TTM.

Une recherche exhaustive de la littérature scientifique comprenant les banques de données suivantes :

Critères de sélection : Tous les essais contrôlés randomisés ou quasi-randomisés (ECR) comparant l’ajustement occlusal à un placebo, au réconfort ou à l’absence de traitement chez les adultes atteints de TTM. Les résultats étaient les mesures globales des symptômes, les  douleurs,  les maux de tête et une limitation des mouvements mandibulaires.

Principaux résultats : Plus de 660 essais ont été identifiés par la recherche initiale. Six de ces essais, ayant rapporté des résultats sur un total de 392 patients, étaient susceptibles d’être inscrits à l’examen. D’après les données fournies dans les rapports publiés, les résultats basés sur les symptômes ont été extraites à partir d’essais sur le traitement. Les données sur l’incidence des symptômes ont été extraites à partir d’essais sur la prévention. Aucune différence ne fut démontrée entre le groupe de patients ayant eu l’ajustement occlusal et le groupe témoin n’en ayant pas eu.

Conclusions des auteurs :  Il y a une absence de preuves dans les essais contrôlés randomisés que l’ajustement occlusal ou d’occlusion puisse traiter  ou prévenir les troubles temporo-mandibulaires (TTM) et, par conséquent, l’ajustement d’occlusion ne peut être recommandé pour le traitement ou la prévention des TTM
Les futurs essais devront utiliser des critères de diagnostic standardisés et des mesures de résultats lors de l’évaluation TTM. 15


Références bibliographiques

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7. Manfredini, D., Cocilovo, F., Favero, L., Ferronato, G., Tonello, S., Guarda-Nardini, L. Surface electromyography of jaw muscles and kinesiographic recordings: diagnostic accuracy for myofascial pain. J Oral Rehabil 2011; 38 (11) : 791-9.
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9. Goulet, J.-P., Palla, S. The path to diagnosis. Dans : Orofacial Pain – From Basic Science to Clinical Management. Sessle, B. J., Lavigne, G., Lund, J. P., Dubner, R. (éd.). Quintessence Publishing, Illinois 2e édition, 2008; 135-143.
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14. List, T., Axelsson, S. Management of TMD: evidence from systematic reviews and metaanalyses. J Oral Rehabil 2010; 37 (6) : 430-51.

15. Abstract from The Cochrane Library, Issue 1, 2003. Occlusal adjustment for treating and preventing temporomandibular joint disorders (Cochrane Review)
(Ajustement occlusal pour traiter et prévenir les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (Cochrane Review)) Koh H, Robinson PG

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